Au Cœur d’un héritage Franco-Créole à la Laura Plantation

Aujourd’hui, c’est en Louisiane que je vous emmène et plus précisément à Vacherie. Une promenade le long du fleuve Mississippi, au cœur de la Laura Plantation! Un endroit incroyable où la vie des plantations vous est contée avec merveille. Une véritable découverte que je vous recommande vivement.

Photo Crédite: Laura Plantation

Une plantation pas comme les autres

La particularité de cette ferme est que c’est une des dernières plantations créoles de Louisiane. D’ailleurs, c’est également l’une des rares attractions historiques de la région à proposer des visites en français ! C’est une expérience unique que je vous conseille de découvrir. Elle vous plongera en plein cœur de la vie d’une plantation louisianaise.

Fondée en 1805, c’est quatre générations d’une famille créole louisianaise et pas moins de 2 siècles d’histoires intimes et personnelles des membres blancs, noirs, libres et esclaves de la famille Duparc-Locoul que vous aurez le plaisir de découvrir. Elle vous transportera au-delà des mythes du Vieux Sud Américain !

Photo Crédite: Laura Plantation

Un peu d’histoire…

Comme à mon habitude, je vous emmène à bord de ma Delorean. Et remontons le temps jusque dans les années 1800 à la découverte de l’histoire de cette habitation incroyable !

Guillaume Duparc, un vétéran de la Marine française qui avait combattu du côté américain durant la Révolution américaine. Il fonda ce qui fut d’abord appelé L’Habitation Duparc en 1804. Elle sera renommée Laura Plantation dans les années 1870. Sa construction dura 11 mois et fut réalisée par des esclaves hautement qualifiés et probablement d’origine sénégalaise. Avec l’acquisition d’autres terres au fil des années, l’exploitation comprend, à peu près, 5000 hectares avant la Guerre de Sécession. Elle comprenait aussi des propriétés avoisinantes acquises à travers les années. Ces terres adjacentes furent obtenues d’Acadiens qui avaient colonisé la région environ 20 ans auparavant.

La nouvelle ferme de Duparc se situait sur des terres convoitées, celles-ci étant assez surélevées et déjà défrichées. La Maison Principale fut bâtie au milieu d’un village amérindien. Elle était construite et habitée par la tribu Acolapissa depuis déjà plus d’un siècle.

Avec mon ami Joseph devant la plantation.

Quatre générations de femme à la tête de la plantation

Après la mort de Duparc en 1808, sa veuve Nanette Prud’homme reprit l’exploitation. Elle deviendra ainsi la première de 4 générations de femmes à la tête de la plantation. En 1829, Nanette prit sa “retraite,” cédant les rênes de la plantation à Louis et Flagy, ses fils, et à Élisabeth, sa fille par le biais de l’incorporation d’une entreprise familiale appelée “Duparc Frères et Locoul.” La société fonctionna ainsi jusqu’à la Guerre de Sécession. 

La grand-mère de Laura, Elisabeth Duparc Locoul, ayant survécu à son époux français Raymond Locoul, ainis qu’à  Louis et Flagy Duparc, ses deux frères aînés, hérite du domaine et gère l’entreprise pendant près de 47 ans. C’est Élisabeth qui chapeaute la plantation durant la Guerre de Sécession et la période de la Reconstruction.

Dans les années 1870, elle divise la propriété entre Émile, son fils et le père de Laura, et Aimée Locoul de Lobel-Mahy, sa fille. Les enfants d’Aimée retournèrent en France à la fin du 19e siècle, où ses descendants vivent aujourd’hui.

C’est alors que Émile rebaptise la plantation et lui donna le nom de sa fille Laura. Lorsque celle-ci décide de tout vendre et de quitter la Louisiane en 1892, il fut stipulé dans l’acte de vente que l’entreprise continue de porter le nom de “Laura Plantation.” 

Suite à son mariage avec Charles Gore en 1891, Laura passe le reste de sa vie à Saint-Louis, dans le Missouri, la ville d’origine de son mari. C’est là où elle élève son fils et deux filles. 

Laura n’avait qu’un seul petit-enfant. Celui-ci, le dernier de la descendance, est décédé sans laisser d’enfants au début des années 2000. 

Même si le nom Duparc-Locoul s’est éteint, il reste deux branches de descendants directs. Une habite en France et l’autre, aux États-Unis.

Photo Crédite: Laura Plantation

Un brin d’architecture

Niveau architecture, la méthode de préfabrication fut typique du style vernaculaire en Louisiane coloniale. La maison principale fut surélevée et posée sur des pilotis et murs en briques, soutenus par une fondation souterraine en forme de pyramides.

La superstructure est en bois de cyprès ; les murs sont en “briquette-entre-poteaux” (espèce de colombage local), plâtrés à l’intérieur et recouverts de stuc à l’extérieur. Les extérieurs de la maison sont très colorés avec du jaune, vert, rouge et gris perle. La maison, en forme de U, était d’une superficie de 2230 m² (y compris les greniers non habitables). La cuisine détachée était de 232m². À la mort de Duparc en 1808, l’habitation comprenait 10 bâtiments, dont les logements de 17 esclaves, une grange, entrepôts et une petite sucrerie rudimentaire.

À quelques 183 mètres au nord de la maison coulait le Mississippi. Un quai en bois permettait aux bateaux de toutes les tailles de s’amarrer. Une digue de 1,5 à 2m protégeait l’habitation des inondations printanières. Un chemin en terre primitif longeait la digue et une barrière en bois séparait la plantation des voyageurs.

De plus, au delà des palissades, deux vergers de pacaniers étaient plantés et divisés par une allée, d’où l’on voyait la maison depuis le fleuve. L’allée créée par les pacaniers et les quatre gros chênes verts devant la maison servaient à attirer et canaliser la brise du fleuve directement à l’intérieur de la maison. Des deux côtés, on retrouvait des cases d’esclaves. Elle hébergeaient une famille ou deux qui cultivait un petit potager et élevait des poules et/ou porcs juste à l’extérieur.

Photo Crédite: Laura Plantation

L’aventure continue

Voilà, j’espère que ça vous aura plu ?! Je pourrais encore vous en raconter d’autre, mais je vous laisse découvrir l’interview exclusive dans laquelle j’ai eu la chance et l’honneur d’accueillir mon ami Joseph Dunn en direct de la Louisiane pour nous parler de la plantation et de cet héritage franco-créole! Et si l’histoire des plantations vous intéresse, lors de votre visite, n’hésitez pas à vous procurer le livre “Les Mémoires de la vieille plantation familiale et album d’une famille créole” écrit par Laura Locoul Gore.

Publié dans USA

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