Sur les Traces du Jack Daniel’s

Aujourd’hui, je vais vous emmener à Lynchburg dans le Tennessee à la rencontre de Jasper Newton Daniel, fondateur de la célèbre distillerie Jack Daniel’s.

Photo Crédit: Gérald Ponsard

Embarquez vite et remontons jusqu’en 1864. À cette époque, Jasper n’avait que 14 ans quand il décida de quitter le foyer familial pour être recueilli par le révérend Dan Call, un luthérien, dans sa ferme familiale de Lynchburg. Le révérend distillait du whiskey depuis déjà de nombreuses années quand il embaucha Jasper pour travailler dans sa boutique. Un moment clé qui allait changer son destin puisque c’est ici qu’il apprit l’art de la fabrication du whiskey ! Cet art lui sera enseigné, entre autres, par le pasteur, mais également par un des esclaves qui travaillait à la ferme, un certain Nathan «Nearest» Green qu’il embauchera des années plus tard comme chef distillateur.

En 1863, alors qu’un mouvement de tempérance prenait de plus en plus d’importance aux États-Unis, le révérend dut faire un choix cornélien entre la distillerie ou sa congrégation. Il décida de rejoindre ses fidèles et céda le business à Jasper que tout le monde appelait Jack. Ce n’est qu’en 1866 que la distillerie Jack Daniel’s vit le jour et devint ainsi la toute première distillerie enregistrée aux États-Unis, avec Jack comme maître distillateur. Peu de temps après, il fera l’acquisition d’un lopin de terre pour la modique somme de $2148, une aubaine me direz-vous ? Sauf qu’à l’époque, ça représentait déjà un beau paquet d’argent, mais Jack décida tout de même d’acquérir le bien, car il renfermait une pépite qui fera toute sa richesse ! En effet, sur ces terres se trouvait Cave Spring Hollow, la plus grande ressource naturelle de Lunchburg. Brassant plus de 3.000 litres d’eau par minute à des kilomètres sous la surface de la Terre. Une eau claire, limpide, pure qui restait à une température constante de 13°C. Les couches de calcaire de la grotte confèrent naturellement à l’eau une variété de minéraux qui contribuent au caractère si particulier du célèbre whiskey. De nos jours, la source est toujours visible et continue d’alimenter la distillerie en eau.

Photo Crédit: Gérald Ponsard

Alors que la distillerie tournait à plein régime, Jack décida de promouvoir la fameuse Old No.7 à l’expo universelle de 1904 à St Louis dans le Missouri où elle remporta sa première médaille d’or. L’idée principale de l’exposition était de présenter au monde les dernières innovations scientifiques et culturelles. Mais c’était une merveille d’un tout autre genre qui allait capter l’attention du monde. Personne ne savait quoi penser de ce Jack et de ses bouteilles carrées de whiskey à l’arrière de son wagon. Et entre une démonstration de la grande roue, une apparition d’Helen Keller et les débuts du hot-dog, se faire remarquer était tout sauf une mince affaire. Surtout pour un distillateur de 1,57 mètre issu d’une ville dont personne n’avait jamais entendu parler. Mais Jack savait comment se démarquer dans la foule. Il partagea donc son whiskey avec les juges et les curieux, tous les yeux étaient rivés sur lui. L’homme et son chapeau haut de forme et son Old No.7 adouci au charbon de bois se sont démarqués parmi les 24 sélections du monde entier et son produit devint alors le meilleur whiskey du monde.

Photo Crédit: Jack Daniel’s – Jack Daniel’s est une marque déposée (c)

Deux ans plus tard, un évènement tragique survint dans la vie de Jack. Un jour de 1906, arrivé de bonne heure à la distillerie, il voulut ouvrir son coffre mais, comme il n’y parvenait pas, il décida de frapper un grand coup dedans et se cassa un orteil. Un incident malheureux qui lui coûtera la vie suite à l’infection grave qui se déclara.

Vint alors l’époque de la prohibition et de la grande dépression. Après la disparition de Jack, deux frères reprirent l’affaire en 1911, le maître distillateur Jess Motlow et son frère aîné Lem. Ils y voient là une opportunité incroyable. En 1919, le 18ième amendement fut ratifié et la prohibition fit son apparition. Jess ne pouvait légalement pas vendre son approvisionnement en whiskey, alors il décida de le stocker dans des entrepôts à Birmingham, Cincinnati et à Saint-Louis, Missouri. Les bouteilles resteront cachées jusqu’à la fin de la prohibition en 1933, mais il faudra encore des années avant les frères ne reprennent la production, car les ingrédients qui avaient fait toute la renommée du célèbre breuvage étaient devenus rares.

Vint alors la Deuxième Guerre mondiale. A cette époque, le maître distillateur était Lem Tolley et c’est lui qui aida à faire face à la deuxième fermeture de l’histoire de la distillerie. En 1942, le célèbre No.7 vint à manquer et la demande venait d’exploser, mais la distillerie était à l’arrêt vu que les denrées allaient être utilisées pendant la guerre.

En 1947, soit près de 2 ans après la fin de seconde guerre mondiale, dans un bar de New York, se trouvait assis Frank Sinatra, sur le point de commander un verre. C’est l’animatrice Jackie Gleason, qui l’accompagnait pour la soirée, qui lui fit une suggestion de boisson que Frank n’oublierait pas de sitôt: «Jack Daniel’s. C’est un bon point de départ. » On était, bien entendu, loin de s’imaginer qu’à partir de ce jour, la célèbre boisson ne quitterait plus jamais Frank. Pour Frank, vivre signifiait faire les choses «à sa façon». Mais quand il s’agissait de whiskey, Frank s’en remettait toujours à Jack.

En 1951, le rock’n’roll envahit les ondes et la distillerie commence à retrouver sa production d’avant la prohibition. En 1964, Jess contribue à rendre célèbre la campagne publicitaire emblématique en noir et blanc de Jack Daniel. Un journaliste du Nashville Magazine a déclaré: «En utilisant une sophistication inverse, les publicités attirent l’œil comme une vieille photographie d’Abraham Lincoln.» Et il avait raison, une identité venait de naître grâce à cette campagne.

Photo Crédit: Jack Daniel’s – Jack Daniel’s est une marque déposée (c)

En 1966, c’est l’invasion musicale britannique et les futurs grands du rock and roll viennent conquérir les États-Unis. Déjà pris avec l’authentique blues américain, ils s’adonnent aussi à l’authentique whiskey américain. En 1988, Jimmy présente le Gentleman Jack, un whiskey doublement adouci et de grande qualité. En 2011, une cuvée spéciale aux saveurs de miel fait son apparition. En 2015, une distillation spéciale voit le jour avec une cuvée de seigle en baril unique. Au fil des années, une large gamme verra le jour et la tradition continuera à être perpétuée !

De nos jours, vous pouvez découvrir la célèbre distillerie qui propose des visites guidées et, depuis peu, vous pouvez même y faire des dégustations. Et oui, car le comté de Moore, où se trouve la distillerie, est un des derniers comtés où la boisson alcoolisée reste interdite et donc, pour y trouver de l’alcool, vous devrez vous rendre dans le comté voisin ; mais, depuis quelques années, la distillerie a une dérogation l’autorisant à vendre de l’alcool et le faire déguster, en petites quantités bien sûr.

Eh bien voilà, j’espère que ce petit bout d’histoire vous aura plu et que cet article vous aura donné envie de découvrir cette super distillerie que, pour ma part, j’ai beaucoup appréciée lors de ma visite dans le Tennessee.

Photos Crédit: Ponsard Gérald – Jack Daniel’s – Jack Daniel’s est une marque déposée (c)

Publié dans USA

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